La blouse de l’automne

Jusque maintenant, je n’ai pas beaucoup cousu pour les garçons. Tricoté, oui, pas mal, mais cousu, assez peu. La raison principale est que je prends peu de temps pour moi, et que je mets un mois à finir la moindre petite cousette. Et que, un mois, lorsque les enfants sont petits, ça suffit à les faire passer d’une taille à une autre, et à rendre trop juste la cousette entreprise. J’ai donc jusque maintenant préféré tricoter, car souvent, les tricots « grandissent avec les enfants ». Je suis sûre que nous sommes plusieurs à avoir observé ce phénomène : le petit gilet tricoté en taille 12 mois va encore comme un gant au loulou le jour de ses deux ans.

La seconde raison est que les coutures en chaîne et trame me paraissent souvent entraver les mouvements des petits enfants, et que je n’aime pas particulièrement coudre le jersey.

Enfin, la dernière raison, c’est que si on veut coudre autre chose que des t-shirts en jersey à un enfant garçon, on a quasiment une seule et unique alternative : la chemise. Avec un col. Une boutonnière. Des boutons aussi aux poignets. Des raccords de dingue si on s’avise de prendre des carreaux ou des rayures.Uniquement des projets chronophages, que je ne maîtrise pas et qui jusque là me tentaient guère.

Bref, jusque maintenant, j’avais évité.

Et puis, récemment, j’ai eu envie de m’y mettre, doucement. Déjà parce que je vois que mes fils portent avec grand plaisir ce que je leur confectionne, et puis aussi parce que, à 4 et 6 ans, ils grandissent moins vite, et qu’en prévoyant une réserve aux ourlets et en coupant une taille pas trop ajustée, je peux espérer que les cousettes leur dure un certain temps – notamment celles faites pour l’aîné, qui est très soigneux, et pourra les léguer ensuite au second.

Lorsque j’organise mentalement mes tricots et couture, j’essaie d’alterner les destinataires : pour moi (eh oui, je passe en premier, na na nère), puis pour l’un, puis pour l’autre, et rebelotte – il m’arrive parfois d’avoir en parallèle quelque chose pour moi et quelque chose pour l’un des garçons, et je pense que cela va devenir la norme, notamment pour la couture, car j’ai désormais plus de place pour m’étaler et laisser mes différents ouvrages en plan (nous avons déménagé hors de Paris dans une jolie maison, j’en reparlerai sans doute bientôt!).

Celles qui suivent se rappelleront peut-être que la dernière cousette enfant vue ici était un pull pour mon aîné. C’était donc au tour du plus petit d’être vêtu par môman, d’autant plus qu’à la rentrée il lui manquait deux-ou trois petits t-shirts ou chemises à manches longue.

J’ai donc pêché un joli petit coupon, que ma mère m’avait trouvé en brocante il y a bien un dizaine d’année, et dans lequel j’ai pu caser tout pile un patron très simple repéré dans un Burda. Les manches à même me séduisaient car elles représentaient une étape de couture en moins, et l’encolure boutonnée me plaisait beaucoup, de par le style très différent que l’on peut donner au modèle selon le tissu et les boutons choisis.

Il s’agit d’un patron présenté avec un tissu féminin, mais qui me paraît suffisamment unisexe. Les pages enfants des Burda sont très souvent présentées sur des mannequins fillettes, mais il m’arrive régulièrement d’y repérer des pantalons, pulls, hauts ou vestes qui, avec un tissu différent, s’accorderaient tout à fait à une garde-robe garçon*.

Les petits boutons pomme ont été choisis dans mon stock par mon fiston (j’avoue, j’avais fait une pré-sélection…), et il porte avec grand plaisir sa petite tunique. Je l’assortie à un pantalon en velours et un petit gilet, et mon petiot est juste à croquer! Je pense décliner le patron dans d’autres tissus, et le recopier dans la taille la plus grande pour en faire une à mon aîné, à qui elle plaît beaucoup aussi.

Qui sait, cette petite tunique est peut-être le début d’une longue série?…

fiche technique

• patron : n°131, Burdastyle n°246, juin 2020
• métrage : de 1,05m à 1,20m selon la taille choisie
• fournitures utilisées : coton, deux boutons, et deux pressions dans mon cas
• niveau de couture : 2/4 selon le code du magazine (« nécessite des connaissances en couture et/ou du temps »)
• points techniques : la parementure de l’encolure, le raccord des carreaux si c’est le motif choisi, la confection de boutonnières (que j’ai supprimées au bénéfice de pressions).
• modifications : j’ai allongé les manches, et zappé les boutonnières. J’ai cousu des pressions à l’encolure, les boutons ne sont donc que décoratifs. J’ai préféré privilégier un enfilage pratique et rapide.
• points forts : la rapidité d’exécution du modèle, la relative facilité (j’ai un peu pataugé pour l’assemblage de l’encolure), et le style rétro que la tunique revêt lorsqu’elle est portée sur un petit mec.
• points faibles : eh bien, moi qui me vante de parler le Burda couramment, pour une fois, je n’ai rien compris aux explications! Du moins, à celles concernant l’encolure (le reste est très simple). J’ai donc fait plusieurs essais jusqu’à comprendre comment le truc était fichu!
• A noter : il faut être particulièrement attentive à la largeur de l’encolure. Sur du chaîne et trame, il n’y a aucune élasticité, ce peut être assez désagréable pour l’enfant de se sentir enfermé lorsqu’il enfile ou enlève le vêtement. Si je refais le modèle, je pense élargir les parementures au niveau des épaules, pour agrandir l’ouverture, quitte à mettre deux pressions de chaque côté plutôt qu’une et être vraiment à l’aise lors de l’enfilage.

*Pour les mamans de garçons qui partagent mon goût du rétro et ma désolation devant les rayons masculins de la grande distribution (celle qui ne coûte pas un bras), voici trois comptes instagram très inspirants, notamment pour les associations de tissus et les petits détails : petitmonsieurbyt , poulinettechacha , la marque Loir .